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CAMEROUN/BAVURES POLICIÈRES : LA COLÈRE DU BARREAU

Les avocats camerounais ont entamé, mercredi, une grève de trois jours en suspendant le port de la robe et en désertant les tribunaux. Une action forte pour protester contre les violences policières dont ils se disent victimes, et dénoncer une impunité grandissante des forces de l’ordre.
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Une mobilisation contre des violences récurrentes

À l’origine de cette mobilisation, un communiqué du Conseil de l’Ordre des avocats dénonçant les “violences physiques, barbaries et autres traitements humiliants” infligés aux avocats par la police et la gendarmerie.

Le bâtonnier de l’Ordre, Me Mbah Eric Mba, a notamment pointé deux cas récents. Samedi dernier, des vidéos virales ont montré des agents de police malmenant un avocat, usant de violence et de traitements jugés dégradants. La veille, un autre avocat avait été séquestré par des forces de l’ordre pour avoir dénoncé des violations des droits de ses clients.

Face à ces abus, le Conseil de l’Ordre a annoncé son intention de poursuivre en justice les auteurs de ces violences et a appelé l’ensemble de la profession à se mobiliser.

Tribunaux désertés à Yaoundé

Mercredi, plusieurs tribunaux de Yaoundé ont tourné au ralenti en raison de la grève, selon des témoins. Cette mobilisation intervient après une première vague de contestation mi-novembre, lorsque l’Ordre des avocats avait déjà dénoncé des violences policières ayant conduit à l’hospitalisation d’un avocat interpellé par des gendarmes à Douala, capitale économique du pays.

“Les agressions contre les avocats dans les unités de police et de gendarmerie deviennent progressivement la norme”, avait alerté un communiqué de l’Ordre dénonçant une “dérive liberticide”.

La semaine dernière encore, un nouvel incident a ravivé les tensions : Me Gilbert Ngawou a été roué de coups par des policiers et interpellé alors qu’il intervenait dans un conflit foncier à Douala, selon son entourage et un communiqué de l’association cultuelle “La Vraie Église du Cameroun”, qui compte parmi ses clients.

Un climat de répression croissante

Cette fronde des avocats s’inscrit dans un contexte politique marqué par un durcissement du régime du président Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 42 ans. Depuis sa réélection contestée en 2018, les autorités ont multiplié les actions pour réprimer toute opposition, dénoncent les organisations de défense des droits humains.

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a récemment alerté sur la “répression gouvernementale croissante contre l’opposition et la dissidence” à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025. HRW dénonce également un climat d’impunité pour les abus commis par les forces de sécurité, citant notamment le décès suspect d’un jeune de 26 ans en garde à vue en janvier dernier, possiblement lié à des actes de torture.

Vers un bras de fer avec les autorités ?

Face à cette montée des tensions, les avocats camerounais exigent des sanctions contre les auteurs des violences et une meilleure protection de leur profession. Mais alors que la répression s’intensifie à l’approche des élections, leur combat s’annonce difficile.

Par Raissa Moubecka Pour MEDIA AFRIQUE NEWS
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