Une répression dénoncée
Selon des témoignages recueillis par l’AFP, les manifestants arboraient des pancartes portant les noms et visages de disparus, appelant à leur libération. “Les jeunes qui ont été enlevés doivent être libérés”, a déclaré Nerima Wako, membre de l’ONG Siasa, qui milite pour la défense des droits des jeunes. Elle a comparé ces pratiques à celles de l’ère répressive du président Daniel arap Moi, dans les années 1990, marquées par des disparitions orchestrées par l’État.
Malgré les intimidations, les manifestants assurent vouloir poursuivre leur mobilisation. “Les citoyens n’ont pas peur de parler, même si l’intimidation est réelle”, a ajouté Wako.
Des critiques grandissantes contre le pouvoir
Les accusations d’enlèvements ciblant des opposants se multiplient depuis les manifestations anti-gouvernementales de juin et juillet derniers. Réprimées dans le sang, ces protestations avaient fait plus de 60 morts, selon des organisations de défense des droits humains.
La dernière vague d’enlèvements, qui a suscité l’indignation générale, vise principalement des jeunes ayant critiqué le président sur les réseaux sociaux. Deux d’entre eux avaient publié une image générée par intelligence artificielle représentant William Ruto dans un cercueil, un geste qui aurait attiré les foudres des autorités.
Face à la pression exercée par les ONG et plusieurs figures politiques, le président Ruto s’est engagé vendredi à “mettre fin aux enlèvements”. Une promesse qui n’a cependant pas apaisé les craintes des militants.
Une inquiétude persistante
Les disparitions d’opposants rappellent les heures sombres de l’histoire du Kenya, où des régimes autoritaires avaient recours à des enlèvements pour museler la dissidence. Aujourd’hui, la société civile s’inquiète d’un retour à ces pratiques, dans un contexte où les libertés d’expression et de manifestation sont de plus en plus fragilisées.
Malgré la répression, les manifestants espèrent maintenir la pression pour obtenir justice. “Ce type d’exactions aurait dû prendre fin depuis des décennies”, a conclu Nerima Wako, rappelant que la lutte pour les droits humains au Kenya est loin d’être terminée.
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