Vers un nouveau cadre politique
L’une des mesures phares issues de ces assises est la refonte totale du paysage politique nigérien. Les 172 partis politiques actuellement enregistrés seraient dissous, avec pour objectif de repartir sur de nouvelles bases. Une nouvelle Constitution devra être élaborée, ses termes étant précisés dans une « Charte de la Transition ». Cette réécriture du cadre institutionnel s’accompagne d’une volonté affirmée de redéfinir le fonctionnement des institutions, tout en maintenant officiellement le régime républicain.
Autre recommandation d’envergure : la reconnaissance de l’islam comme religion majoritaire du pays, une mesure qui interroge sur son impact sur la laïcité de l’État nigérien.
Tiani, un chef de transition aux pouvoirs renforcés
Les conclusions des Assises renforcent la position d’Abdourahamane Tiani à la tête de l’État. Actuellement chef du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et dirigeant de facto du Niger, il pourrait devenir officiellement président de la République, bien qu’il ne soit pas élu. Son statut militaire serait également rehaussé, avec une promotion au grade de général d’armée « cinq étoiles », à l’image du président de transition malien, Assimi Goïta.
Lors de la clôture des Assises, Tiani a exprimé sa satisfaction quant aux résultats obtenus : « Ces résultats sont aussi le fruit d’un travail collectif de l’ensemble des forces vives de la nation, dont nous avons toutes les raisons de penser qu’ils ont acquis l’adhésion de notre peuple souverain. »
Affirmant son engagement à mettre en œuvre les recommandations, il a conclu par un message sans équivoque : « Vous avez joué votre partition, je jouerai la mienne sans aucune faiblesse et avec dévouement vis-à-vis de mon pays. »
Quelle place pour l’opposition et la démocratie ?
L’amnistie des membres du CNSP impliqués dans le coup d’État de 2023, couplée à la possibilité pour eux d’être candidats à de futures élections, pose la question de l’équilibre démocratique dans le pays. La dissolution des partis politiques et la réécriture des règles du jeu institutionnel risquent d’écarter de nombreux acteurs de la scène politique.
Si le régime se veut porteur d’une « refondation », la durée de la transition – au moins cinq ans, avec une possibilité de renouvellement – laisse planer le doute sur un éventuel retour à un pouvoir civil à court terme.
En prenant pour modèle le Mali ou le Burkina Faso, où les juntes militaires ont également prolongé leur transition, le Niger semble s’engager dans une trajectoire où l’armée consolide son emprise sur le pouvoir. Reste à voir si ces réformes seront acceptées par l’ensemble de la population nigérienne et par la communauté internationale, qui suit de près l’évolution de la situation dans le pays.
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