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NIGERIA : DES MILLIERS D’HABITANTS SANS ABRI

A Lagos, Nigeria , les pelleteuses ont réduit en poussière des centaines d’habitations du quartier populaire d’Otumara. Sous le regard impuissant des habitants, expulsés sans préavis, des décennies de vie ont été balayées en quelques heures.
mediaafriquenews L'Express

“Je n’ai eu que 30 minutes pour rassembler quelques affaires avant qu’ils ne détruisent ma maison. Nous avons été pris par surprise. Je ne sais même pas où aller maintenant”, sanglote Victoria Ajah, 50 ans, devant les décombres de son domicile.

Dans l’urgence, les familles se sont ruées à l’intérieur de leurs habitations pour récupérer matelas, vêtements et ustensiles de cuisine, avant d’être contraintes de quitter les lieux. Sur place, des hommes non identifiés, s’apparentant à des agents de sécurité, ont sommé les journalistes de partir sous la menace.

Depuis plusieurs mois, les autorités nigérianes mènent une série de démolitions massives dans plusieurs quartiers précaires de la capitale économique. Une politique qui alimente la colère et la détresse des communautés locales.

Un quartier convoité, une population sacrifiée

Situé dans le Mainland, la partie la plus pauvre de Lagos, Otumara est une zone convoitée par les promoteurs immobiliers en raison de sa proximité avec les îles riches de la ville. Mais pour les milliers de familles qui y vivent, c’est un déracinement brutal.

“Une famille influente ayant des liens avec l’État de Lagos veut s’emparer de ces terres, mais on ignore dans quel but”, accuse Megan Chapman, co-directrice de l’ONG Justice and Empowerment Initiatives, qui défend les communautés menacées d’expulsion.

Contactée, l’agence de rénovation urbaine de l’État de Lagos, qui a ordonné la destruction, n’a pas répondu aux sollicitations des médias.

Une expulsion illégale ?

Cette démolition va pourtant à l’encontre d’une décision de justice. En 2016, les habitants d’Otumara, aux côtés d’une quinzaine d’autres communautés, avaient saisi la Haute Cour de Lagos pour contester les expulsions forcées. En juin 2017, le juge Onigbanjo avait suspendu toute tentative d’éviction, exigeant des consultations avec les résidents et des solutions de relogement avant toute destruction.

“Cette démolition est une violation flagrante de la loi”, dénonce Megan Chapman.

Pourtant, sans avertissement préalable, les bulldozers ont réduit Otumara en ruines, laissant 10.000 habitants sans alternative.

Une crise du logement qui s’aggrave

Ce n’est pas la première expulsion de masse à Lagos. En septembre 2024, des destructions similaires ont frappé les communautés d’Oko Baba Sawmill et d’Aiyetoro, toutes proches d’Otumara. D’autres quartiers sont menacés, notamment Makoko, le bidonville flottant de 300.000 habitants, l’un des plus emblématiques de la mégalopole.

Avec une croissance démographique de 3.000 personnes par jour, Lagos fait face à une crise du logement sans précédent. Mais plutôt que de développer des solutions d’habitat abordable, les autorités semblent privilégier les intérêts immobiliers, au détriment des populations les plus vulnérables.

“Les gens n’ont nulle part où aller. Beaucoup sont nés ici, d’autres ont tout quitté pour venir à Lagos. Que va-t-on devenir ?”, s’interroge Victoria Ajah, le regard perdu sur les gravats de sa maison.

Par Raissa Moubecka Pour MEDIA AFRIQUE NEWS
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