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RDC: LE CACAO AU CŒUR DES VIOLENCES ET DE LA CONTREBANDE

Dans le territoire de Beni, en République démocratique du Congo (RDC), le cacao est devenu une ressource aussi précieuse que dangereuse. Alors que la province du Nord-Kivu est connue pour ses richesses minières, ce produit agricole est aujourd’hui au cœur d’un trafic intense, alimentant violences et insécurité.
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Un cacao convoité par tous

Les rebelles des Allied Democratic Forces (ADF), affiliés à l’État islamique, ont longtemps empêché les cultivateurs d’accéder à leurs plantations. Si la situation s’est légèrement apaisée, la peur demeure. « Nous entretenons nos champs avec la crainte d’être massacrés, car le cacao est convoité, autant par les rebelles que par nos propres soldats », témoigne Juliette Kahindo, cultivatrice à Beni.

Un trafic organisé vers l’Ouganda

La production cacaoyère en RDC reste marginale à l’échelle mondiale, avec 50 000 tonnes attendues en 2024. Pourtant, cette culture attise les convoitises. Des groupes armés et des criminels locaux exploitent la terreur suscitée par les ADF pour piller et revendre le cacao via des réseaux de contrebande transfrontalière, principalement vers l’Ouganda.

Selon Richard Kirumba, président de la société civile de Beni, certains militaires congolais participeraient également à ce commerce illégal, en taxant les producteurs ou en pillant directement les champs. Une situation facilitée par une corruption endémique, où seuls les imprudents risquent des sanctions.

Un marché dominé par l’Ouganda

Le cacao congolais est principalement exporté vers l’Ouganda, où il est revendu sous un label étranger, affaiblissant l’économie congolaise. « Les acheteurs ougandais imposent leurs prix sans se soucier de la qualité », déplore la directrice de l’Onapac, l’organisme chargé de certifier le cacao en RDC.

Les menaces ne viennent pas seulement de la contrebande : l’Union européenne envisage de supprimer la certification biologique du cacao congolais en raison de l’insécurité, empêchant les inspecteurs de vérifier les conditions de production. Une mesure qui, selon les acteurs de la filière, pourrait encore renforcer l’exportation frauduleuse du cacao congolais sous label ougandais.

Ainsi, à Beni, le cacao reste un facteur de tensions et un enjeu économique majeur, pris dans l’engrenage de la guerre et du commerce illicite.

Par Raissa Moubecka Pour MEDIA AFRIQUE NEWS
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