SÉNÉGAL : DES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES POUR FAIRE LA LUMIÈRE SUR LE MASSACRE DE THIAROYE

Le gouvernement sénégalais a annoncé, mercredi 19 février, le lancement imminent de fouilles archéologiques pour déterminer le nombre exact de tirailleurs africains tués lors du massacre de Thiaroye en 1944. Cette initiative vise à lever le voile sur cet épisode sombre de l’histoire coloniale française en Afrique de l’Ouest.

Le Premier ministre Ousmane Sonko a informé le Conseil des ministres que, face à l’absence de compléments d’informations attendus, des fouilles archéologiques seront entreprises pour établir la vérité sur le nombre de victimes. Les sites précis des fouilles n’ont pas été divulgués, mais pourraient inclure le cimetière de Thiaroye et le camp militaire voisin, lieux présumés d’inhumation des victimes.

Depuis des décennies, des chercheurs réclament des investigations approfondies pour éclaircir les zones d’ombre entourant ce massacre. Les autorités sénégalaises actuelles, prônant une rupture avec le passé colonial, ont mis en place un comité de chercheurs chargé de rendre un rapport en avril sur ces événements tragiques. La France a reconnu le massacre la veille de son 80ᵉ anniversaire, le 1ᵉʳ décembre dernier, mais des divergences subsistent quant au nombre exact de victimes.

Le Sénégal a commémoré ces événements avec une envergure inédite, annonçant que des artères, places et édifices porteront désormais les noms des victimes, et que l’histoire du massacre sera enseignée dans les écoles. Le 1ᵉʳ décembre a été institué “Journée du tirailleur sénégalais” pour honorer leur mémoire.

Le massacre de Thiaroye est survenu le 1ᵉʳ décembre 1944, lorsque les forces coloniales françaises ont ouvert le feu sur des tirailleurs récemment rapatriés d’Europe. Ces soldats, originaires de diverses colonies africaines, réclamaient le paiement de leurs soldes et primes. Les autorités françaises de l’époque ont reconnu la mort de 35 personnes, mais certains historiens estiment que le nombre de victimes pourrait atteindre 400.

Cette initiative du gouvernement sénégalais s’inscrit dans une démarche plus large de réappropriation de l’histoire et de reconnaissance des injustices subies pendant la période coloniale. Les résultats des fouilles archéologiques pourraient apporter des éclaircissements essentiels et contribuer à la réconciliation des mémoires entre la France et ses anciennes colonies africaines.