Alors que l’Observatoire de la musique et des arts du Sénégal souhaite organiser une quatrième édition, le manque de financement pourrait bien condamner aux oubliettes cette célébration des arts nègres, initiée au début des indépendances.
Retour sur les premières éditions :
Prévu initialement en 1961, mais reporté en 1963 pour des raisons financières et logistiques, le Festival mondial des arts nègres s’est finalement tenu pour la première fois le 1er avril 1966 à Dakar, au Sénégal.
Sous l’impulsion de Léopold Sédar Senghor, président du Sénégal à l’époque, le festival s’est imposé comme un défenseur de l’influence des civilisations noires dans la culture contemporaine mondiale. L’événement a rassemblé plus de 20 000 festivaliers, mais a généré des pertes estimées à plus de 250 000 dollars.
Ce déficit a contraint le Nigeria, deuxième pays organisateur, à repousser l’édition suivante. Prévu en 1970, l’événement n’a eu lieu qu’en 1977, après plusieurs reports. Profitant du boom pétrolier, le Nigeria a déboursé plus de 400 millions de dollars pour organiser le festival.
Un gouffre financier :
Il a ensuite fallu attendre 33 ans pour que le FESMAN refasse surface. Le 31 décembre 2010, le Sénégal a repris l’organisation du festival, qui a attiré plus de 55 000 personnes venues du monde entier. Ce spectacle retraçait l’histoire des peuples noirs, de l’Égypte antique aux indépendances africaines. Si le succès artistique fut au rendez-vous, sur le plan financier, le festival fut de nouveau un gouffre. Alors qu’un budget initial de 8,3 millions de dollars était prévu, les dépenses ont grimpé à 130 millions de dollars, soit un dépassement de 121,7 millions de dollars.
Un avenir incertain :
Quatorze ans après, malgré l’appel de l’Observatoire de la musique et des arts du Sénégal, le FESMAN n’a plus été mentionné. Pourtant, certains pays africains, comme l’Afrique du Sud, organisateur de la Coupe du monde de football en 2010, pourraient avoir les capacités logistiques et financières pour relancer ce festival.
Le renouveau du FESMAN serait un coup de pouce précieux pour le soft power africain, au moment où la culture – musique, cinéma, théâtre, peinture, danse, architecture – devient une composante clé de l’influence mondiale du continent.
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