AFRIQUE : LES DANGERS DE LA FILIÈRE DE LA NOIX DE CAJOU

La production de noix de cajou, essentielle pour de nombreux pays africains, comporte de graves dangers pour les travailleurs et l’environnement. Cet article explore les enjeux de cette filière, en s’appuyant sur des témoignages et des données récentes.

Une Croissance Économique à Haut Risque

La noix de cajou est un pilier économique pour plusieurs pays africains, notamment la Côte d’Ivoire, qui est le premier producteur mondial avec environ 750 000 tonnes par an en 2023. Cependant, cette croissance économique cache des risques considérables pour les travailleurs. Dans les zones rurales, les ouvriers, souvent des femmes et des enfants, travaillent dans des conditions précaires. Selon une étude de Human Rights Watch de 2022, les travailleurs sont exposés à des produits chimiques toxiques sans protection adéquate, entraînant des problèmes de santé graves comme des maladies respiratoires et des affections cutanées.

Marie, une ouvrière ivoirienne de 34 ans, raconte : « Nous travaillons sans gants ni masques. La poussière et les fumées nous brûlent la gorge et les yeux. Plusieurs de mes collègues sont tombés malades et n’ont pas pu se faire soigner. » Ces témoignages mettent en lumière l’absence de mesures de sécurité élémentaires dans les plantations et les unités de transformation. De plus, la rémunération reste très basse. En 2023, les travailleurs de la filière de la noix de cajou en Côte d’Ivoire gagnaient en moyenne moins de 1,50 dollar par jour, bien en dessous du seuil de pauvreté.

Outre les dangers pour la santé des travailleurs, la production de noix de cajou a des répercussions environnementales. Les pratiques agricoles intensives, incluant la déforestation pour étendre les plantations, menacent les écosystèmes locaux. En Guinée-Bissau, deuxième producteur africain, 35% des forêts ont été détruites entre 2010 et 2022 pour la culture de la noix de cajou, selon les données de la FAO. Face à ces défis, des experts et des ONG appellent à des réformes urgentes. Joseph Kone, agronome et militant environnemental, insiste : « Il est crucial d’adopter des pratiques agricoles durables et de protéger les droits des travailleurs pour que la filière de la noix de cajou puisse vraiment contribuer au développement durable de nos pays. »

L’industrie de la noix de cajou en Afrique, bien qu’importante pour l’économie, nécessite des améliorations significatives pour garantir la sécurité des travailleurs et la protection de l’environnement. Des réformes structurelles et une meilleure régulation sont essentielles pour transformer cette filière en un modèle de développement durable.