À Gbétagbo, une localité située à une trentaine de kilomètres de Cotonou, la capitale économique béninoise, les chauffeurs-routiers sont en pleine discussion à l’ombre de leurs camions. Gbétagbo, connu pour ses parcs de véhicules gros-porteurs partant du port de Cotonou, est presque à l’arrêt depuis un an en raison de la fermeture de la frontière entre le Bénin et le Niger.
Aboubacari Traoré, un chauffeur-routier, explique qu’il n’a pas fait un seul voyage depuis cinq mois. “Nous avons payé l’assurance et effectué la visite technique de nos camions, mais nous n’en profitons pas. Quand tout cela va expirer, il nous faudra encore payer alors que le véhicule ne nous a rien rapporté”, déclare-t-il. La situation devient de plus en plus intenable, et il invite les autorités des deux pays à trouver un accord. Traoré souligne que plusieurs chauffeurs sont désespérés et mentionne que, bien qu’il soit possible de traverser le Togo et le Burkina Faso pour rallier le Niger, il préfère éviter cette route en raison des attaques au Burkina Faso.
Zahirou Touré, un autre chauffeur-routier, a tenté cette route mais ne souhaite plus la refaire après avoir été attaqué. “Lors d’un voyage, nous avons été attaqués et ils ont brûlé plus de six camions devant moi. Il y avait des camions béninois, nigériens et ghanéens”, raconte-t-il. Touré ajoute que les autorités burkinabés organisent des convois militaires pour traverser les zones dangereuses, mais ces convois sont souvent limités à 500 camions, laissant des milliers d’autres attendre pendant des semaines.
Le secteur du transport de marchandises au Bénin, principalement orienté vers le Niger, est durement affecté. Karim Yagoro, un vulcanisateur, se plaint de ne plus gagner d’argent car les camions ne bougent plus. “Si tu trouves 1000 francs CFA aujourd’hui, tu devras attendre trois à quatre jours avant d’avoir encore quelque chose”, déclare-t-il, ajoutant qu’il a une famille à nourrir.
Face à cette crise, Idrissou Souradjo, un autre chauffeur-routier, invite les présidents Patrice Talon et Abdourahmane Tiani à trouver un accord pour le bien de leurs peuples. “Notre souhait est que nos deux présidents s’entendent. Le Niger et le Bénin sont une seule famille, nous nous complétons”, rappelle-t-il.
Le 24 juillet dernier, une délégation nigérienne de haut niveau, conduite par le général Mohamed Toumba, ministre d’État et ministre de l’Intérieur, a visité le Bénin. Les officiels nigériens ont notamment eu une séance de travail avec le président béninois Patrice Talon. Lors d’une rencontre avec la diaspora nigérienne à Cotonou, Toumba a laissé entendre que les discussions ont été fructueuses. Du côté du Bénin comme du Niger, de nombreux acteurs exploitant le corridor Cotonou-Niamey attendent avec impatience une bonne nouvelle.
Pour rappel, c’est le Niger qui refuse d’ouvrir sa frontière avec Cotonou, accusant les autorités béninoises d’abriter des bases militaires visant à déstabiliser le Niger, des déclarations que Cotonou qualifie de sans fondement. Initialement, c’est le président Patrice Talon qui a fermé les frontières avec le Niger pour se conformer à une décision de la CEDEAO après le coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet 2026. Bien que la sanction ait été levée, le Niger maintient sa frontière fermée avec le Bénin.
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