CÔTE D’IVOIRE : VERS LE RETOUR SYMBOLIQUE DU TAMBOUR PARLEUR DJIDJI AYOKWÉ ?

Majestueux, imposant et chargé d’histoire, le Djidji Ayokwé, tambour parleur en bois sculpté, pourrait bientôt regagner la Côte d’Ivoire. Longtemps exposé au musée du Quai Branly à Paris, cet instrument exceptionnel, capable de transmettre des messages sur plusieurs kilomètres, fut autrefois la voix du peuple Abouré.

Saisi en 1916 par les autorités coloniales françaises, le tambour avait été arraché à la communauté d’Adzopé, dans le sud-est ivoirien. Plus qu’un simple instrument de musique, le Djidji Ayokwé incarne pour les Abourés un héritage spirituel et culturel, un lien vivant entre les générations et un symbole de dignité collective.

Plus d’un siècle après sa confiscation, la France pourrait enfin tourner une page douloureuse de l’histoire coloniale. Le lundi 28 avril 2025, le Sénat français a examiné une proposition de loi visant à retirer l’objet des collections publiques nationales. Une fois le texte définitivement adopté, la restitution devrait être effective dans un délai maximal d’un an.

Un retour hautement symbolique, porteur d’espoir pour la Côte d’Ivoire. Car pour les populations concernées, il ne s’agit pas d’un simple transfert d’objet, mais d’un retour aux sources, d’un acte de justice historique et de réconciliation entre les peuples.

En Afrique de l’Ouest, les tam-tams parleurs étaient bien plus que des instruments. Leur tonalité rythmée portait des messages codés, souvent réservés aux initiés, permettant d’alerter, de rassembler ou d’annoncer des événements importants. Leur rôle dans la transmission des savoirs et des valeurs traditionnelles reste inestimable.

Avec cette restitution imminente, le Djidji Ayokwé pourrait retrouver sa terre d’origine, et raviver une mémoire collective longtemps silencieuse. Un geste fort, dans un contexte de redéfinition des relations culturelles entre la France et ses anciennes colonies.