Le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta, élu deux ans plus tôt, a démissionné sous la pression des militaires du CNSP, complétant ainsi l’œuvre amorcée par le Mouvement du 5 juin - Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Ce mouvement, fort de ses manifestations à Bamako, réclamait la dissolution de l’Assemblée nationale, une réduction du train de vie de l’État, et la fin de la gestion familiale des affaires publiques. L’arrivée des militaires sur la scène politique a été largement saluée par les leaders religieux et certains acteurs politiques.
Des avancées sécuritaires notables, mais une marginalisation diplomatique
Sur le plan militaire, des progrès significatifs ont été réalisés. Le Mali a renforcé ses capacités avec l’acquisition de nouveaux équipements militaires, étendu son contrôle territorial, et récupéré les bases occupées par la MINUSMA, notamment à Kidal. Cependant, sur le plan diplomatique, le pays a rompu avec ses partenaires traditionnels, se retrouvant isolé sur la scène internationale. La création de l’Alliance des États du Sahel (AES) a renforcé cette impression, marquée par le retrait inattendu du Mali de la CEDEAO. En quatre ans, le Mali a vu ses relations se détériorer avec certains de ses voisins les plus proches, malgré des liens sociaux, historiques, géographiques, culturels et économiques profonds.
Un contexte socio-politique et économique contrasté
Des réformes ont été entreprises, notamment l’adoption d’une nouvelle constitution, d’une nouvelle loi électorale, et la création de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE). Cependant, l’unité tant attendue de la classe politique, l’union nationale et la protection des intérêts économiques ont été les grands absents de cette transition. Le Dialogue Inter-Maliens (DIM), censé permettre aux Maliens de se rassembler et de définir les priorités du pays, a surtout servi à prolonger la transition et à offrir une opportunité au Colonel Assimi Goïta de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle.
La classe politique n’a jamais été aussi divisée que sous cette transition, et la crise sociale a atteint des niveaux sans précédent, marquée par des pertes d’emplois et des fermetures d’entreprises. Pour certains observateurs, les quatre ans de transition se sont concentrés quasi exclusivement sur l’aspect sécuritaire, négligeant largement les préoccupations sociales des populations.
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