RDC/RWANDA: L’ESPOIR D’UN ACCORD S’ÉTEINT

La réunion prévue ce dimanche à Luanda entre les présidents Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo (RDC) et Paul Kagame du Rwanda a été annulée, réduisant à néant les espoirs de progrès immédiats vers la paix dans l’est de la RDC, en proie à des conflits depuis trois décennies.

Ce sommet, organisé sous l’égide du président angolais João Lourenço, médiateur désigné par l’Union africaine (UA), devait permettre la signature d’un accord intitulé “pour le rétablissement de la paix et de la stabilité dans l’est de la RDC”. Jusqu’à vendredi, les deux parties s’étaient montrées optimistes quant à la possibilité de conclure cet engagement historique.

Échec des négociations préliminaires

les pourparlers préliminaires entre les ministres des Affaires étrangères congolais et rwandais, tenus samedi à Luanda, se sont soldés par un échec. Selon Giscard Kusema, porte-parole de la présidence congolaise, Kigali aurait conditionné la signature de l’accord à l’ouverture par Kinshasa d’un dialogue direct avec le M23, un groupe armé actif dans l’est de la RDC et considéré par Kinshasa comme soutenu par le Rwanda.

« Il y a une impasse car les Rwandais ont posé comme préalable que la RDC mène un dialogue direct avec le M23 », a déclaré M. Kusema dimanche matin.

Face à ce blocage, Paul Kagame a choisi de ne pas se rendre à Luanda, estimant que le sommet n’était « plus pertinent » après l’échec des discussions ministérielles, selon une source proche de la présidence rwandaise. Quelques minutes plus tard, la présidence angolaise a confirmé que le sommet était annulé.

Tshisekedi présent, Kagame absent

Félix Tshisekedi, déjà arrivé à la présidence angolaise pour le sommet, n’a pas caché sa frustration face à l’absence de son homologue rwandais. Cet épisode souligne les tensions persistantes entre Kigali et Kinshasa, exacerbées par les accusations mutuelles sur le rôle du M23 dans l’insécurité dans l’est congolais.

Le M23, un groupe armé majoritairement composé de Tutsi congolais, s’est imposé comme un acteur clé dans la région, multipliant les offensives contre les forces congolaises et contrôlant plusieurs zones stratégiques dans le Nord-Kivu. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir militairement ce mouvement, ce que Kigali dément régulièrement.

Une médiation dans l’impasse

João Lourenço, qui s’était investi pour rapprocher les positions des deux parties, se retrouve face à un nouveau revers dans ses efforts de médiation. L’annulation du sommet reflète l’ampleur des divergences entre Kinshasa et Kigali, mais aussi les défis auxquels se heurte la diplomatie régionale dans une crise profondément enracinée.

Pour l’heure, aucune date n’a été avancée pour une éventuelle reprise des discussions. Cette situation risque de prolonger l’instabilité dans l’est de la RDC, où des millions de civils sont pris en otage par l’insécurité, les déplacements forcés et les violences armées.