SÉNÉGAL : POLÉMIQUE AUTOUR DES RALLIEMENTS AU PASTEF AVANT LES LÉGISLATIVES

À quelques jours des élections législatives prévues au Sénégal pour le 17 novembre, le parti au pouvoir, le Pastef, fait face à une vague de ralliements inattendus, venant notamment de figures politiques affiliées à l’ancien président Macky Sall. Ces revirements, suscitant de vives réactions, semblent témoigner de l’évolution du paysage politique sénégalais.

Le dernier ralliement en date est celui d’Adji Mbergane Kanouté, ancienne vice-présidente du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar et initialement investie sur la liste de l’opposition Takku Wallu, conduite par Macky Sall. À dix jours du scrutin, elle appelle désormais à voter en faveur du Pastef, renonçant ainsi à son affiliation avec l’opposition. Ce choix vient s’ajouter à d’autres soutiens similaires enregistrés ces dernières semaines, notamment celui de Malik Fall, ancien ministre de la Justice sous Macky Sall. En tout, plus d’une dizaine de personnalités de l’ancien régime ont annoncé leur appui au Pastef.

Des signes de désunion dans le camp Macky Sall ?

Certains observateurs interprètent ces ralliements comme un signe de faiblesse de l’opposition, marquée par un manque de leadership fort et une difficulté à conserver ses membres influents. Selon plusieurs analystes, ces départs massifs révèlent une instabilité au sein de l’ancien camp présidentiel, dont le socle de soutien semble se fragmenter à l’approche du scrutin.

Malaise au Pastef autour de la « transhumance » politique

Ces ralliements ne sont pas sans créer de l’embarras au Pastef, dont la ligne politique s’est toujours montrée critique vis-à-vis de la « transhumance », une pratique souvent décriée au Sénégal. Les militants du Pastef, fidèles à la politique de leur parti, se montrent réticents à accueillir des personnalités qu’ils considèrent comme des transfuges, pourtant prêts à soutenir leur mouvement sans autre motivation apparente.

Ayib Daffé, candidat du Pastef en Casamance, s’est exprimé sur cette question délicate. « Ce sont des soutiens sans conditions, il n’y a pas de contrepartie », assure-t-il, précisant que le Pastef n’a entrepris aucun démarchage auprès de ces anciens responsables du régime Sall. « Nos listes de candidats sont closes, et elles sont constituées à 90% de membres encartés du Pastef », a-t-il ajouté, balayant ainsi les accusations de tractations politiques lancées par l’opposition.

Une fin de campagne sous tension

Avec ces ralliements de dernière minute, le Pastef se retrouve dans une position ambivalente : s’il profite d’un soutien inattendu, il doit en parallèle gérer l’hostilité de certains de ses militants face à ces alliances qui bousculent leurs principes. À mesure que le jour du scrutin approche, ces retournements pourraient bien influer sur la dynamique politique, redéfinissant les lignes de force au sein du paysage politique sénégalais.