Dans de nombreuses communautés rurales d’Afrique de l’Ouest, la croyance en la sorcellerie demeure profondément enracinée. Au Ghana, les accusations émanent fréquemment de membres de la famille ou de voisins, et débouchent sur des actes d’une extrême brutalité. « Ces accusations peuvent mener à des violences graves, y compris à des homicides, laissant aux victimes comme seule issue la fuite », précise Amnesty.
Le souvenir du lynchage d’Akua Denteh, une femme de 90 ans battue à mort en juillet 2020 dans la région de Savannah, reste vif dans les mémoires. Si deux hommes ont été condamnés à 12 ans de prison pour ce crime, la majorité des cas de violences similaires ne font l’objet d’aucune poursuite.
En juillet 2023, le Parlement ghanéen avait pourtant adopté une loi criminalisant les accusations de sorcellerie. Mais ce texte n’a jamais été promulgué par le président de l’époque, Nana Akufo-Addo, freinant ainsi toute avancée juridique majeure sur le sujet.
Amnesty International accuse les autorités de laxisme et appelle à des mesures urgentes : campagnes de sensibilisation à long terme, programmes de réintégration des victimes et dispositifs de protection pour les femmes injustement stigmatisées.
Le phénomène dépasse les frontières ghanéennes. En février 2024, huit femmes accusées de sorcellerie ont été contraintes de boire du poison en Guinée-Bissau, entraînant leur mort. Un mois plus tard, en République démocratique du Congo, deux femmes sexagénaires ont été lapidées et brûlées vives pour des accusations similaires.
Pour Samadu Sayibu, responsable au sein de l’organisation ghanéenne Songtaba, ces actes reflètent les préjugés profonds de la société à l’encontre des femmes âgées, et soulignent la nécessité d’aborder des enjeux structurels tels que le genre, la pauvreté et la marginalisation.
© MEDIA AFRIQUE NEWS. All Rights Reserved. Design by DPL DIGITAL