Un procès historique et un verdict sévère
Reconnu coupable en août 2024 après un procès de près de deux ans, Moussa Dadis Camara avait été condamné pour son rôle dans la répression sanglante d’un rassemblement de l’opposition au stade de Conakry. Ce jour-là, au moins 156 personnes ont été tuées par balle, à l’arme blanche ou à la baïonnette, et 109 femmes ont été victimes de violences sexuelles, selon une commission d’enquête mandatée par l’ONU.
Déclaré coupable sur la base de sa responsabilité en tant que supérieur hiérarchique, il avait été jugé pour assassinats, actes de torture, violences sexuelles, enlèvements et séquestrations. Sept autres accusés, dont d’anciens hauts responsables militaires, avaient également été condamnés à des peines allant jusqu’à la réclusion à perpétuité.
Le verdict, salué par le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), avait été perçu comme une avancée majeure dans la quête de justice pour les victimes de ce massacre, considéré comme l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire récente de la Guinée.
Une grâce controversée
La grâce présidentielle accordée à Moussa Dadis Camara suscite de nombreuses réactions. Bien que justifiée par des raisons de santé, elle intervient dans un climat politique marqué par des restrictions croissantes des libertés en Guinée.
Parallèlement, le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, a annoncé la prise en charge par l’État des indemnisations des victimes du massacre, conformément aux décisions de justice. Les montants accordés varient entre 200 millions et 1,5 milliard de francs guinéens (soit entre 20 000 et 160 000 euros).
Un climat politique sous tension
Si la junte au pouvoir avait permis la tenue de ce procès historique, ses récentes décisions soulèvent des interrogations. Depuis son arrivée par un coup d’État en 2021, le régime de Mamadi Doumbouya a renforcé son contrôle sur le pays, multipliant les interdictions de manifestations et les pressions sur l’opposition et les médias.
La grâce accordée à Moussa Dadis Camara risque ainsi de relancer le débat sur l’impunité des crimes passés et sur la sincérité de la transition politique en Guinée.
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