Un climat de défiance publique
Le 16 novembre à Bamako, Choguel Kokalla Maïga a vivement critiqué la junte au pouvoir lors d’un discours, dénonçant son isolement dans les prises de décisions majeures. Parmi les sujets de discorde, le report de la transition initialement prévue pour mars 2024, ainsi que la création unilatérale de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE), ont été particulièrement ciblés. Selon le Premier ministre, ces décisions violent les résolutions issues des Assises Nationales de la Refondation (ANR), qui appelaient à une gestion plus inclusive et transparente.
Réactions militaires et pressions croissantes
Ces critiques n’ont pas tardé à provoquer une riposte. Le Collectif pour la Défense des Militaires (CDM), un mouvement influent proche de la junte, a exigé la démission de Choguel Maïga sous 72 heures, l’accusant de « haute trahison ». De leur côté, des organisations civiles soutenant les militaires ont relayé ces accusations via les médias d’État, alimentant un climat d’hostilité à l’égard du Premier ministre.
Soutiens politiques divisés
Malgré cette pression, Choguel Kokalla Maïga conserve le soutien d’une partie de la classe politique. Ces alliés dénoncent, eux aussi, le non-respect des recommandations des ANR, notamment en ce qui concerne la réduction du nombre de partis politiques. Depuis 2021, plus de 100 nouveaux partis ont vu le jour, un phénomène que Maïga qualifie de frein à la refondation politique promise.
Une fracture au sommet
Cette confrontation met en lumière une fracture profonde entre les civils et les militaires, exposant les limites d’une cohabitation fragile au sommet de l’État. Alors que les militaires cherchent à consolider leur emprise, les civils, représentés par Maïga, insistent sur la nécessité de respecter les engagements pris devant le peuple malien.
Un tournant décisif pour la transition
Le Mali se retrouve à un carrefour décisif. La question centrale reste de savoir si les autorités de transition parviendront à surmonter leurs divergences pour mener à bien les réformes promises et ramener le pays à un ordre constitutionnel.
Dans un contexte déjà fragilisé par les défis sécuritaires et économiques, l’issue de cette crise politique sera déterminante pour l’avenir du Mali et sa capacité à tenir ses engagements envers la communauté internationale.
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