RDC : DES DÉPLACÉS CONTRAINTS DE RENTRER SANS AIDE NI ABRI

L’est de la République démocratique du Congo traverse une nouvelle crise humanitaire d’ampleur. Dans cette région marquée par des décennies de conflits, l’intensification récente des violences pousse chaque jour des milliers de personnes à fuir leur foyer. Un drame silencieux qui plonge davantage de familles dans une précarité extrême.

Selon les organisations humanitaires, plus d’un million de déplacés internes ont été contraints de quitter précipitamment les camps qui les abritaient, souvent sans avertissement et sans garantie d’assistance.

« Il s’agit de familles qui étaient déjà déplacées avant la crise qui a secoué la ville de Goma et plus largement le Nord-Kivu”, explique Hercules Kipa, responsable des programmes d’urgence pour l’organisation Concern Worldwide, basé à Kibumba. “Elles sont rentrées chez elles, mais leurs besoins humanitaires persistent. Sans terres, sans revenus, elles sont aujourd’hui livrées à elles-mêmes.”

Face aux ordres d’évacuation et au démantèlement de plusieurs sites de déplacement, certaines familles n’ont eu d’autre choix que de tenter un retour vers leurs villages d’origine. Mais ce retour tant espéré se transforme bien souvent en désillusion.

« Quand nous sommes revenus, nous avons trouvé beaucoup de maisons délabrées”, témoigne Médiatrice Busogi, bénéficiaire d’une distribution humanitaire à Kibumba. “Les plus chanceux ont retrouvé leurs maisons sans portes ni toits. Nous avons utilisé des bâches pour couvrir les maisons et nous nous y sommes entassés avec d’autres familles ».

Les conditions de vie y sont extrêmement précaires : manque d’eau potable, pénurie de nourriture, absence de soins médicaux… Les besoins sont immenses et les moyens limités. Malgré leur présence active sur le terrain, les ONG peinent à répondre à l’urgence, faute de financements suffisants.

« Si nous avons la chance de retourner dans notre village, nous devrons réhabiliter ou reconstruire nos maisons, avoir de la nourriture, des articles ménagers jusqu’à ce que nous puissions récolter les produits de nos champs”, explique Byamungu Rukera, représentant des déplacés à Sake, dans le Nord-Kivu ».

Dans un contexte d’insécurité persistante et de sous-financement chronique, la réponse humanitaire est en péril. Derrière les chiffres, ce sont des millions de vies en suspens, des familles entières qui, chaque jour, tentent de survivre dans l’oubli.