Un climat tendu et inédit
Les trois États sahéliens, dirigés par des juntes militaires, ont annoncé leur intention de quitter la Cédéao pour rejoindre la Confédération des États du Sahel (AES), entité récemment formée pour répondre à leurs aspirations communes. Samedi, cette nouvelle alliance a frappé fort en annonçant l’ouverture de ses frontières aux citoyens des pays membres de la Cédéao, un geste interprété comme un défi direct à l’organisation ouest-africaine.
La décision des trois pays fait suite à l’attitude jugée hostile de la Cédéao, notamment après le coup d’État au Niger en juillet dernier. Sanctions économiques, menace d’intervention militaire : autant de mesures qui, selon les autorités de Bamako, Niamey et Ouagadougou, ont motivé leur départ.
Un sommet aux enjeux critiques
Face à cette menace de scission, les dirigeants ouest-africains présents à Abuja s’attèlent à désamorcer la crise. Les rapports des médiateurs, le sénégalais Bassirou Diomaye Faye et le togolais Faure Gnassingbé, sont attendus avec impatience. Ces derniers ont multiplié les rencontres ces dernières semaines pour tenter de convaincre Bamako, Niamey et Ouagadougou de reconsidérer leur décision.
Au programme de ce sommet, figurent également les rapports annuels sur l’état de la Communauté et des discussions sur des dossiers comme la transition politique en Guinée. Mais la priorité est ailleurs : comment empêcher une scission qui pourrait affaiblir durablement la Cédéao, tant sur le plan économique que stratégique ?
Des conséquences économiques majeures
Le départ annoncé de ces trois pays représenterait une perte de près de 72 millions d’habitants pour la Cédéao, soit environ un quart de sa population totale. Sur le plan économique, la rupture pourrait également perturber les échanges commerciaux et réduire l’influence de l’organisation dans la région, déjà fragilisée par des crises sécuritaires et économiques.
Pour la Cédéao, l’enjeu de ce sommet dépasse la gestion des différends actuels : il s’agit de préserver l’idée même d’une communauté ouest-africaine unie, capable de relever les défis sécuritaires, économiques et sociaux de la région.
Les prochaines heures seront décisives pour l’avenir de l’intégration régionale. À Abuja, les chefs d’État jouent une partie critique dont l’issue pourrait redessiner les équilibres de toute l’Afrique de l’Ouest.
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